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PEUX-TU TE PRÉSENTER ?
Je m’appelle Dominik, j’ai 33 ans, je suis géographe, cofondateur et CEO de Denk:lokal et Interkular gGmbh.
QU’EST-CE QU’INTERKULAR EN UNE PHRASE ?
Nous utilisons la diversité pour créer le monde de demain. Nous nous voyons comme des « créateurs d’intégration ».
« Nous utilisons la diversité pour créer le monde de demain. Nous nous voyons comme des créateurs d’intégration. »
QUEL PROBLÈME SOUHAITES-TU RÉSOUDRE ?
En 2015-début 2016, l’Allemagne a accueilli environ 1 million de personnes. Pour te donner un ordre de comparaison, le nombre de nouveaux migrants arrivant à Berlin est le même que celui de toute la France, c’est beaucoup ! En 2015, la politique d’accueil de l’Allemagne a fait l’objet de nombreux débats. Nous voulions avoir une approche davantage multiculturelle, inclusive et plurielle. Ce sont de beaux concepts, mais comment les réaliser concrètement ? C’est ce que nous voulons mettre en pratique ici, à Interkular.
QUELLE EST TA SOLUTION ?
Nous déployons des moyens et des compétences pour aider les individus à vivre en communauté. Pour cela, nous intervenons sur quatre sujets :
- Le Logement : les enfants bénéficient d’un statut spécial en Allemagne obligeant l’État à prendre soin d’eux. Ils vivent dans des résidences sociales où nous les aidons à gagner en indépendance, en coopération avec les services sociaux ;
- L’insertion dans le marché du travail : nous accompagnons les employeurs dans l’embauche de migrants. Par exemple, nous aidons les enfants à trouver un programme d’alternance et de formation en entreprise ;
- Le travail social avec le voisinage : nous développons une plateforme afin de faciliter les rencontres interculturelles entre les résidents du camp de réfugiés à Tempelhof Feld, un aéroport abandonné dans le centre de Berlin, et le voisinage. Le quartier se gentrifiant à vue d’œil, nous voulons les rendre capable de participer à ces changements et non les subir.
- Le Plan B : il constitue un nouveau champ de réflexion dans les débats sur l’Intégration. L’immigration est un processus à la temporalité bien spécifique. Les migrants venant du Congo ou du Sénégal ne peuvent pas rester en Allemagne car notre gouvernement considère que ces pays sont sans danger…Ces personnes doivent donc officiellement repartir mais ne le souhaitent pas car elles fuient les guerres ou les conditions de vie difficiles. Clarifier leur statut est un processus très long pouvant durer jusqu’à 5 ans. Nous avons donc créé le programme Plan B. Nous ne voulons pas voir ce temps comme de l’attente inutile mais au contraire comme une opportunité d’émancipation. Nous les aidons à se créer un réseau, apprendre l’allemand, etc. Nous développons également un réseau international de structures pouvant accueillir ces migrants dans leurs futures destinations. Nous travaillons par exemple avec Acoge en Espagne ou Utopia en France. Avec Plan B, nous essayons de créer de la stabilité pour les personnes migrantes malgré l’incertitude inhérente à leur condition.
« Avec Plan B, nous essayons de créer de la stabilité pour les personnes migrantes malgré l’incertitude inhérente à leur condition. »
COMMENT EST NÉ INTERKULAR ?
En 2015-2016, de nombreux immigrés sont arrivés en Allemagne, pas uniquement à Berlin. Cela représentait un véritable challenge à la fois pour l’administration, la société civile, mais également pour ces nouveaux arrivants. Nina, la cofondatrice, et moi avons alors créé une entreprise pour tenter de répondre à ce grand défi. Je suis géographe et elle anthropologue, nous nous sommes associés et avons fondé Denk:local, notre première structure. Nous faisons essentiellement du conseil. Nous avons commencé à travailler sur le camp de migrants Tempelhof Feld. Il constitue actuellement le plus grand camp de la ville mais aussi d’Allemagne avec plus de 2 000 personnes vivant dans un espace exigu. Nous voulions rapprocher ces résidents avec les associations et entreprises de la ville. C’était très compliqué car il fallait inventer un moyen permettant la rencontre entre des populations très éloignées les unes des autres. Nous voulions à travers notre expertise comprendre comment ces connections pouvaient être possible.
Mais connecter les communautés entre elles dépend de nombreux facteurs, notamment de la manière de procéder. C’est pourquoi nous avons repensé notre approche : nous avons embauché et construit un tout nouveau concept allant du premier contact avec le nouvel arrivant jusqu’au premier contact avec l’association à l’extérieur du camp. Nous voulions mettre tous les acteurs concernés autour d’une table et avoir une approche très pragmatique. Ce concept plus global nous a permis de créer l’ONG Interkular gGmbh en 2017.
PEUX-TU ME PARLER DE VOTRE MODÈLE ÉCONOMIQUE ?
Les autorités locales, l’État et les gouvernements locaux, les administrations, les Chambres de Commerce, les fondations ou encore les entreprises font partie de notre écosystème financier. Nous les accompagnons dans leurs missions. Comme je te l’expliquais, l’État doit s’occuper des enfants, c’est pourquoi le Département de la Jeunesse nous délègue cette tâche.
Nous aidons également les entreprises à l’embauche de migrants. Il y a un grand besoin en main-d’œuvre en Allemagne. Les entreprises doivent s’ouvrir à ces personnes. Le processus d’intégration n’est jamais facile, il y a des problèmes quotidiens, des incompréhensions culturelles, etc. Nous sommes ici pour faciliter l’entente entre les deux parties.
QUEL EST LE PRINCIPAL CHALLENGE AUQUEL VOUS DEVEZ FAIRE FACE ?
L’Immigration est un sujet litigieux. Nous sommes dans une situation où aucune des parties ne tient un discours clair. L’administration, les associations, les employés, etc. Aucun d’entre eux ne souhaitent avancer. La situation est alors complètement bloquée et complique gravement la vie des migrants. À Interkular, nous faisons communiquer ces acteurs pour que les lignes bougent.
COMMENT LE PROJET POURRAIT SE RETROUVER FRAGILISÉ, VOIRE S’ARRÊTER ?
Aujourd’hui, l’accès aux secteurs de la vente et de l’immobilier sont limités. Il y a beaucoup de demande et très peu d’offre. Si les employeurs peuvent choisir, les migrants ne seront pas leur premier choix…Les mentalités doivent vraiment changer. Nous devons faire encore beaucoup de pédagogie pour en finir avec les préjugés.
« Les sociétés homogènes n’ont jamais existé. Nous devons en être conscient et trouver des moyens de vivre tous ensemble. »
POURQUOI AS-TU DÉCIDÉ DE CRÉER CE PROJET ?
Pour des raisons politiques, personnelles mais aussi professionnelles. La diversité, la culture, l’intégration sont des concepts qui seront très présents dans le futur. Les sociétés homogènes n’ont jamais existé. Nous devons en être conscient et trouver des moyens de vivre tous ensemble. C’est pour cela que j’ai commencé ce projet, cela faisait sens pour moi de consacrer mon temps à traiter ces enjeux.
OÙ TROUVES-TU TA MOTIVATION ?
Ma motivation ? Elle provient des gens que je rencontre ! Échanger avec les autres m’inspire beaucoup. J’aime voir comment des personnes interagissent entre elles mais également comment elles s’apportent mutuellement. Il n’y a rien de compliqué là-dedans, c’est humain, il faut juste le faire et tout se passera bien !
SI TU DEVAIS DÉFINIR TON ENGAGEMENT EN UN MOT, ADJECTIF OU SENTIMENT ?
Je dirais « captivant » mais également « émancipation ». Je veux réveiller la curiosité chez les gens. C’est ce que je fais à Interkular, c’est ce que je faisais quand j’étais professeur à l’Université. Les enfants sont curieux, nous devrions le rester pour toujours !
« Je veux réveiller la curiosité chez les gens […] Les enfants sont curieux, nous devrions le rester pour toujours ! »
Un très bel article et une très belle personne. Pleine d’humanité. Cela réchauffe le coeur et remet les valeurs bafouées à leur vrai place. Bravo à lui et à son association, bravo à toi et à ton travail qui nous permet de rentrer dans un monde d’optimisme en nous présentant ces personnes simplement restées humaines.
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Merci pour ce portrait de ce que je considère comme un « héros ordinaire », et j’adore qu’ils soient mis en lumière. Par ce travail, tu en es un aussi Thomas 😉 Bravo et vivement les prochains
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